Vous connaissez bien cet adage populaire qui dit « Pour savoir où tu vas, il faut savoir d’où tu viens ». Depuis quelques années, s’il y’a un débat culturel au Cameroun qui interpelle de nombreuses entités sociales, c’est bien celui sur les musiques urbaines locales. A l’heure où elles connaissent une émergence et une crédibilité plus accentuées, il serait bien nécessaire de retracer leur évolution au fil des années.
Le départ fût donné avec le Rap dans les années 90 par « Benjo style » dans son titre « YO » qui était un Rap énergétique au style Français , notamment celui de AKH du groupe IAM, « le titre YO est le premier Rap Camerounais », aussi vrai qu’il n’était pas le seul à cette époque. Après lui, la première vague des musiques urbaines Camerounaises dans les années 2000 aura un caractère plus ancré sur le plan musical,mais avec des tons pour la plupart français et des lyrics narrant la réalité Camerounaise.
J’ai pris la peine de recencer quelques musiques urbaines qui ont plus ou moins marqué leur époque,certains les considereraient aujourd’hui comme « Classiques » en fonction de l’exposition et de la valeur que ces musiques eurrent pour eux. D’autres ne les ont même pas peut-être connu à cause des difficultés de l’ancien temps ,notons nombreux de ces titres étaient des extraits d’album et aussi que nous sommes dans les deux premieres générations avant 2013.
2000 – 2007
Rasyn : Né sous un arbre- ça sonne
Big Bzy : Take Na take – Ma musik feat franky p
Krotal : Jamais
Negrissim : Les Yoyettes
Ak sang grave : On se rapproche de la réalité
Koppo : Si tu vois m go – Emma
Bantu pô si : Nikeles
VBH : Yo
L’équipe du Sud : Afro Rap
Dupont et Dupont : Cameroun en excès
Lady b : Maman
C’minaire : l’envol
Obidy style : Style
VBh -Jeunes
Franky P : Dangeureux
Les Géomètres : Big up
One love : Tapioca
Terror : Black Alice- Sous le soleil d’Afrique
Ak-sang grave : Come again-La go du ghetto
Bali Squad : Bali
Krotal : La Bo de nos life – un lion
Sultan oshimin : Ecole – le tombeur
Parol : Appelle moi – Appelle moi rémix
Rap Conteur : Je wanda
Sultan oshimin : école-le tombeur
Lady B : Qui peut ?
Bams : Stand up
One face : Africa
Ag sang grave : Come again- La go du ghetto
2008-2012
Killamel : Dernier banc- Killintro – Bien ou bien(rémix)
Les clés son of God : Croisons les Doigts – Elle m’a barré
Boudor : le Noirokais- Dj – Broda –
X-maleya : Yelele
Valsero : Lettre au président- Ce pays tue les Jeunes
Bashiru : Mbodojé
Airiq akam : Bienvenue au Cameroun
MH : Tchoko
Ebene : Sacrée lettre
Nkukumah : Le bled est dans le ndem
Sissongho M’c :Je mbock- le bailleur n’entend pas ça
Mustapha : le Voyageur
Sisshongo Mc’s : Je bock – Le bailleur n’entend pas ça
Red zone : Run away
Hoskur : les mêmes- nous les voyous
Urban ladies : Big up rémix
Je ne donnait pas le lait (Version remix 1) : Jack Napier – Franky p-Boudor…
Digital : Faux mcs – Lyrical Martial
Tony nobody : Viens
Ivee : l’inévitable
Métissage : Ndjé môh
Guerrier du ghetto : Regarde ma zone
Duc –z : Je ne donnes pas le lait – Africa mamy
Masta suprem feat Franky & Karnatox : Showbizz rémix
Habib du bled : Garde espoir
Stypak Samo : Shimemi
Carlos K : Apa dié
Karnatox : Du lourd
Sanga mboa : La life for élobi
Lauren B : My mowan
Terror : Black Alice – ça vaut la peine
Jovi : Don for kwatt -Man pass man – Bushfaller
La liste pourrait être exhaustive ou réduite selon la relation de chacun avec le hiphop kamer ou de son exposition aux sons au fil du temps, ceux –ci sont ceux qui, parmi ceux que j’ai eu l’occasion de connaître ont manifestement été écouté par un bon nombre d’adeptes. Nombreux de ces titres malheuresement ne se retrouvent pas sur internet, donc difficile de s’en procurer,mais quelques sur Youtube. Vous pourrez aussi obtenir certains d’eux dans la compile « De benjo à nos jours » produite en 2015 par Kamerattitude et télechargeable sur le site www.vrjmusic.com . Même s’il y’a pas de réel suivi et conservation de ces œuvres qui sont en effet le trajet de l’histoire de la musique urbaine 237. Certains projets n’ont pas laissé de traces, d’autres juste quelques bribes de souvenir dans les mémoires de ceux qui les ont connu.
Aujourd’hui les choses ont beaucoup évolué et la musique urbaine est bien plus crédible, pour certains anciens, il n’y a plus de raison d’être de la partie, d’aucuns y sont mais avec le complexe d’inadaptation ou d’ incapacité de se positionner dans le nouveau paysage. A mon avis,c’est des erreurs, si les plus jeunes réussissent à s’en sortir c’est parce qu’ils ont décidé de corriger les erreurs des aînés, ils ont appris, se font formés et entourés, aussi vrai que de nombreuses opportunités ont joué en leur faveur. Le Rap Kamer ou la chanson urbaine a son histoire que les aînés peuvent aujourd’hui se vanter d’avoir écrit, mais, surtout qu’ils doivent transmettre, ils ont beau faire des sons aujourd’hui ou pas; rien ne remplace ce qui a été éffectué jadis.
Quand on se rend compte du matériel dont disposait Jess panebo en montant les beats de « Come again » ou de « Parol appelles moi ». Qui aurait eu l’inspi de Benjo à son époque ? ou celle de Rasyn que tous les jeunes ont aimé ? Il faut être un visionnaire et un sage pour avoir une direction artistique comme celle de Krotal à l’époque. La plume poignante et l’originalité du Négrissim les rendaient singuliers, Lady B reste la première rappeuse confirmée au Cameroun, Ak sang grave, les sons et les textes étaient bien composés, le flow original de Digital, l’école du Rap hardcore avec les géomètres ou la vidéo de « Big up » par Bobby Shaman. Sultan Oshimin a propulsé et révolutionné le reggae au Cameroun. Les techniques de Rap hors pair de Sir Nostra, c’est ça la Mboa urban music.
A l’aube d’un ère où naîtront des produits culturels urbains, il serait nécessaire de reconstituer l’ossature de ce qui fait partie le patrimoine culturel de notre pays. Même si ce n’était toujours le haut niveau de production, le mérite des auteurs de ces œuvres est d’abord qu’elles ont construit la culture urbaine au Cameroun. Je me souviens que nous étions complexés, rabaissés, et décrédibilisés surtout en voyant le Gabon voisin qui émergeait grâce au fait que la jeunesse aimait le Hip hop. Aujourd’hui c’est le tour Cameroun et les yeux du continent sont braqués sur nous, de belles choses arrivent probablement, mais il serait inconvenance que dans 03 ans le jeune rappeur qui sortira ne connaisse pas l’histoire de la culture urbaine dans son pays. Des quartiers de Yaoundé à ceux de Douala et du reste du pays , des talents ont voulu s’exprimer, plus ou moins sans moyens, avec ou sans de bons produits ; certains sont oubliés et d’autres ont marqué leur temps. A écouter tous ces sons je peux dire que leur origine au Cameroun a été provoquée par l’influence, mais surtout par l’amour du hip hop, musique des jeunes du monde, qui est devenu musique de la jeunesse Africaine et surtout Camerounaise.
Réconcilier les trois générations qui ont été impliquées dans ce mouvement serait une nécessité. 20 ans de mouvement, des styles, des registres, des codes et surtout des projets ont meublé cette culture Mboa.
C’est le moment de partager notre histoire !!!